mardi 3 février 2015

Musée du génocide Cambodgien



En ce jour du 1er février 2015, nous avons visité le musée du crime génocidaire. 

Pas très attirant comme titre me direz vous mais il faut tout de même que tout le monde reconnaisse ces horreurs comme telles afin que plus rien de la sorte de ne se reproduise. C'était dans les années 1975, suite a de nombreuses difficultés politiques que connaît le pays, les khmers rouges arrivent au pouvoir. 

Nous sommes alors sous le régime de Pol Pot à cette époque la. Celui-ci, profitant de la guerre encore fraîche contre les américains, va prétexter des bombardements imminents et procèdent à une évacuation totale de Phnom Penh (la capitale). 

Les habitants réfugiés, soit environ 2,5 millions de personnes, sont déportés de force vers les campagnes du nord et de l'ouest du pays. Même les hôpitaux sont vidés et les malades en fauteuils roulants se retrouvent à prendre la route de force ! En quelques jours la capitale devient une ville fantôme, les banques sont dynamitées, les églises brûlées, le contenu des magasins déversés dans les rues. 

C'est l'année zéro "aube d'une renaissance" proclamé par la radio khmer rouge. Bientôt, ce sont toutes les villes du Cambodge qui subissent le même sort.  La population est classée en 3 catégories : les militaires sont de suite exécutés pour éviter la rébellion, les paysans sont envoyés aux rizières afin d'assurer l'autosuffisance alimentaire du pays, les fonctionnaires et les intellectuels considérés comme suspects sont envoyés dans des "villages spéciaux". Les conditions de travail sont rudes : 10 à 12h de travail journalier pour un seul repas consommé voir zéro si le travail n'était pas bien effectué. Certains meurent de faim, il valait mieux pour eux car le reste de l'histoire ne vaut a personne la peine d'être vécue...

Toute la société est réorganisée selon le bon vouloir des khmers rouges. La lecture à  l'école est remplacée par des chants révolutionnaires, les gens doivent changer de noms et les enfants appartiennent à Angkar (nom du régime de Pol Pot). Les hôpitaux ne sont plus accessibles qu'aux soldats de Pol Pot et les autres n'ont plus accès aux soins. Les mariages sont arrangés et les époux choisis au hasard.

A partir de là de nombreuses exécutions sont commises sous prétexte de non-conformité idéologique : les khmers rouges haïssent les formes d'intelligence, ceux avec les cheveux longs, ceux portants des lunettes, ceux susceptibles de connaitre une langue étrangère sont exécutés. La doctrine devient : " il vaut mieux tuer un innocent que de garder un ennemi en vie"
Source : Guide su Routard Cambodge-Laos édition 2014

Photo des cranes empiles dans le memorial


Le 1er février 2015, nous voilà arrivées sur les lieux du massacre, plongées dans le passé que le sol nous laisse encore apercevoir : les traces des fosses ayant accueillies les corps meurtris, ainsi que des vêtements et des os refont surface lors de la saison des pluies car ces dernières, dissimulées sous les eaux n'ont pu être vidées. C'était il y a 30 ans à peine. L'audio guide commence...ces lieux de massacres étaient cachés : les cloisons étaient très hautes, les pesticides étaient empruntés aux paysans voisins afin de dissimuler l'odeur des corps. Des chants révolutionnaires étaient diffusés dans de grands haut-parleurs afin de couvrir le bruit des meurtres. Personnes ne savait ce qu'on faisait derrière ces murs. 

Une fois par mois 50 a 60 personnes "non conformes idéologiquement" étaient envoyées dans ces camps. Elles y étaient exécutés sans raison et poussées dans des fosses qui deviennent leur tombeau. Au bout d'un an environ les arrivées sont plus régulières 300 personnes/jour ! Les personnes étaient clairement identifiées avec un numéro et étaient parquées dans des endroits sombres et confinés avant d'être exécutés. 

Les exécutions se faisaient par des soldats d'une quinzaine d'années, embrigadés par les khmers rouges. Lors des exécutions des gros projecteurs s'allumaient afin que les autres condamnés puissent voir ce qui les attendait. Les armes utilisées étaient des outils de travail des paysans (hache, machette, essieux de charrettes, couteau, cordes...). Par peur des représailles de futurs enfants, les bébés étaient pendus aux arbres par les pieds et tués devant leur mère à coups de marteau. Des familles entières étaient tuées ainsi. 


Ce massacre dure jusque 1979 lorsque ces camps ont étés découverts. Afin de rendre hommage a toutes ces victimes, leurs os (seulement les cranes et les gros os) ont été exposés dans un monument vitré sur 17 niveau. Les ossements y sont  répertoriés par type de mort. 


Ce lieux éloigné de la ville, calme et paisible, rempli de papillons et d'oiseaux, ne semble pas avoir connu autant d'horreurs. Pourtant, sur le sol jonchent encore des morceaux de vêtements, des os sont enfouis dans la terre et des fosses sont toujours présentes. Nous avons été choquées de voir à quel point ce morceau d'Histoire à été omis par l'ensemble de l'humanité. Rappelons que ce génocide a compté environ 2 millions de mort soit près d'un quart de la population de l'époque ! Aujourd'hui ce massacre à été reconnu génocide  par la France mais il n'est toujours pas vu comme tel par les Américains.  

PS: Certains accents manquent mais les claviers cambodgiens n'en disposent pas... desolees.

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